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BLONDEL.

Je vous dirai donc que, lorsque ces chevaliers, ces gens de haute condition s’adressent à une jeune personne, d’un état inférieur, moins touchés souvent de la beauté, de la noblesse de son âme que de celle de leur extraction…

LAURETTE.

Eh bien ?

BLONDEL.

Ils ne se font quelquefois aucun scrupule de la tromper.

LAURETTE.

Mais ma noblesse est égale à la sienne.

BLONDEL.

Le sait-il ?

LAURETTE.

Sans doute. Quoique mon père ait peu d’aisance, nous avons toujours vécu noblement ; et si je ne craignais sa vivacité, vivacité qui heureusement l’a forcé de s’établir dans ce pays-ci, je lui aurais confié les intentions du chevalier.

BLONDEL.

C’est lui qui est le gouverneur de ce château ?

LAURETTE.

Oui.

BLONDEL.

Et tout en attendant cette confiance en votre père, vous le recevrez cette nuit, ce chevalier que vous aimez ; vous lui parlerez cette nuit ! Écoutez-moi, ceci n’est qu’une chansonnette :

Un bandeau couvre les yeux
Du dieu qui rend amoureux ;
Cela nous apprend, sans doute,