Page:Sedaine - Théâtre.djvu/509

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ÉPITRE A MON HABIT Ah ! mon habit, que je vous remercie, Que je valus hier, grâce à votre valeur ! Je me connais ; et plus je m’apprécie, Plus j’entrevois qu’il faut que mon tailleur, Par une secrète magie, Ait caché dans vos plis un talisman vainqueur, Capable de gagner et l’esprit et le cœur. Dans ce cercle nombreux de bonne compagnie, Quels honneurs je reçus ! quels égards ! quel accueil ! Auprès de la maîtresse et dans un grand fauteuil, Je ne vis que des yeux toujours prêts à sourire, J’eus le droit d’y parler et parler sans rien dire. Cette femme à grands falbalas Me consulta sur l’air de son visage ; Un blondin sur un mot d’usage Un robin sur des opéras ; Ce que je décidai fut le nec plus ultra. On applaudit à tout, j’avais tant de génie ! Ah ! mon habit, que je vous remercie ! C’est vous qui me valez cela ! De compliments bons pour une maîtresse Un petit-maître m’accabla, Et, pour m’exprimer sa tendresse, Dans ses propos guindés me dit tout Angola. Ce poupart à simple tonsure, Qui ne songe qu’à vivre, et ne vit que pour soi, Oublia quelque temps son rabat, sa figure,