terre appelée « Piritania »[1]. Tuti frayait avec les anciens Maîtres. Bien qu’il eût promis son retour, on ne le vit point revenir : dans une autre île maori, le peuple l’avait adoré comme un atua durant deux lunaisons, et puis, aux premiers jours de la troisième, dépecé avec respect afin de vénérer ses os.
Térii ne cherchait point à dénombrer les saisons depuis lors écoulées ; ni combien de fois on avait crié les adieux au soleil fécondateur. — Les hommes blêmes ont seuls cette manie baroque de compter, avec grand soin, les années enfuies depuis leur naissance, et d’estimer, à chaque lune, ce qu’ils appellent « leur âge présent ! » Autant mesurer des milliers de pas sur la peau changeante de la mer… Il suffit de sentir son corps agile, ses membres alertes, ses désirs nombreux, prompts et sûrs, sans s’inquiéter du ciel qui tourne et des lunes qui périssent. — Ainsi Térii. Mais, vers sa pleine adolescence, devenu curieux des fêtes et désireux des faveurs réservées aux familiers des dieux, il s’en était remis aux prêtres de la vallée Papara.
Ceux-là sacrifiaient au maraè le plus noble des maraè de l’île. Le chef des récitants, Paofaï Tériifataü, ne méprisa point le nouveau disciple : Paofaï avait dormi parfois avec la mère de Térii. L’apprentissage commença. On devait accomplir, avec une
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Piritania : Britain, Angleterre.
Tuti : Cook.
(Fin du XVIIIe siècle).