V
Ensuite il survint des aventures incoutumières et telles que Paofaï lui-même n’eut plus le désir ni le savoir de les fixer par des chants mesurés. Mais réchappé à la nuit épouvantable, — la nuit-sans-visage, la nuit-pour-ne-pas-être-vue (ainsi parlent ceux qui ont eu peur), — il raconta sur des mots vulgaires l’histoire qu’on va dire. Un haèré-po de rang quatrième l’entendit quelque part dans les milliers d’îles, et la rapporta aux gens de Tahiti :
La douzième nuit, ou bien la quinzième, voici que le vent faiblit. Le jour béa tout chargé de nuages. On ne vit pas le soleil. Avec le vent tombèrent les petites vagues ; et les grandes — qui sont les flancs nombreux de la houle directrice, — se mirent à changer d’allure, et puis tombèrent aussi. Sur l’eau plate, sous le ciel pesant et proche, la pirogue tenait son immobilité. Un trouble, en même temps, pesa sur toutes les épaules. Des gouttes chaudes, et non point salées comme les embruns, mouillèrent les fronts, les lèvres ; on frissonna : la pluie drue sur la peau de la mer n’est pas de la vraie pluie : c’est le pleurer de Oro. Et l’on se mit à pagayer, en tournant