les hommes de même couleur de peau. — Les arbres sont rares. Il fait froid. Les faré, on les bâtit avec de la boue et des pierres, et si bas, qu’on n’y entre qu’en rampant. On y brûle des herbes. Il fait froid. »
Si tu veux faire parler un homme, ne le traite pas de menteur. Ainsi Paofaï ne dit point « menteur » à Tumahéké, bien qu’il sache véritablement que le feu, imaginé pour cuire le manger, n’a jamais servi à réchauffer les hommes ! Mais il attend avec impatience que l’autre parle au sujet des signes.
Tumahéké vante sa terre : — « Nous avons de très grands Tiki, taillés dans la roche des montagnes. Ils regardent les eaux, toujours, avec des yeux plats et larges, sous un front en colère : la mer a peur et n’ose pas monter trop haut, sur la rive.
» Quant aux signes, on les tatoue, avec une pierre coupante, sur des bois polis et plats qu’on nomme ensuite Bois-intelligents. Lorsque la tablette est incrustée comme une peau de chef, alors l’homme habile y trace son Rua, qui est sa marque à lui-même.
» Et l’on peut, longtemps après, reconnaître un à un les signes, — comme un homme reconnaît ses fétii — par leurs noms. On dit alors : les Bois parlent.
— Ha ! » crie Paofaï avec une joie, « j’irai dans ton île ! Je vais avec toi ! Où est ta pirogue ? »
Tumahéké sourit : on n’y va pas en pirogue. Il faut trouver passage sur un gros navire étranger, donner beaucoup au chef, ou bien travailler à