Lui-même, Samuéla, aidé par le Seigneur, le mènerait dans la voie véritable.
Térii n’osait pas répliquer : son oubli néfaste pesait donc toujours sur lui ! toujours, puisque ses compagnons, des femmes, et le premier venu parmi les manants, pouvaient l’insulter en lui jetant tous ces vocables obscurs… Il dit :
— « D’autres haèré-po que moi ont perdu les mots : le peuple les a laissés tranquilles. Voici des dizaines d’années que tout cela est fini ! »
Samuéla comprit la confusion, et son maintien se fit plus sérieux encore : — « À dire vrai, Térii, ton esprit est brouillé par delà ce qu’on aurait pu croire ! Ce n’est pas la vieille erreur sur l’infâme pierre-du-récitant qui nous paraît aujourd’hui déplorable : ne l’avions-nous pas oubliée ? et faut-il garder des parlers aussi ridicules que celui-là ? mais nous regrettons la nuit de tes pensers d’à présent, et n’aurons point de répit que tu ne sois éclairé enfin. »
Le voyageur, bien que surpris, songeait que l’homme Samuéla était peu digne à se poser en maître. Quoi donc ! un fabricant de pirogues prétendait instruire un prêtre maintenant ? D’ailleurs, malgré son moment d’oubli, Térii savait fort bien, encore, ce qu’il savait, sur les dieux, les chefs, le culte, les tapu. Il n’entendait recevoir aucune leçon :
— « Vous m’appelez ignorant, » conclut-il, « vraiment ! je veux rester l’ignorant que je suis !
— Hiè ! » Samuéla eut un petit rire : les Mission-