mobile de la foule, il acheva, sans récris, l’incantation des grands-maîtres passés.
Mais, sitôt l’ébahissement tombé, ce fut une bourrasque de rires, de sifflements hargneux et méprisants, de parlers ricaneurs, de gestes de moquerie : Païen ! C’était donc un païen ! Il y en avait encore ! Encore un ! Le beau reste des temps ignorants ! Ha ! Ha ! Ha ! il adorait les dieux de bois ! il avalait avec respect les yeux de cadavres, auprès des maraè démolis ! On criait : Mangeur d’œil ! Sauvage ! Homme stupide ! Homme sans pudeur ! Vieux sorcier ! — La gaîté se levait, sans bornes, gaîté permise, plaisante même aux yeux des Missionnaires et de Kérito. On n’eût pas figuré sur une estrade à danser, d’histoire aussi imprévue ! Et point baptisé, sans doute, l’arioï, le va-nu-pieds, l’homme aux épaules dépenaillées ! Et digne, alors des feux de l’enfer ! L’aventure était drôle ! Le spectacle était bon ! Païen ! Il y avait encore un païen !
Noté, cependant, calma les rires et dit sans haine :
— « Mon frère, je reconnais maintenant ta personne. Je sais tes aventures, et que tes yeux n’ont pu s’ouvrir encore à la Vérité : je te l’ai dit, sans que tu veuilles le croire : il n’y a plus de maraè ; il n’y a plus de dieux païens. Mais, viens dans les faré où l’on enseigne à prier le Seigneur, à lire et à répéter Sa loi : dans peu de temps, tu sortiras de cette ignorance dont ceux-ci » il montrait la foule, « sont fiers d’être tirés. Tu sauras les louanges de Kérito : ce