rien encore, sinon des présages hostiles : la Punaàru, invisible dans son creux, cheminait péniblement, à demi desséchée. Les deux mornes qui l’enserraient n’étaient pas également couverts de nuages. Il pleuvait dans la vallée. Mais la brume détrempée au large découvrait, plus menaçante encore, la terre Mooréa, mordant le ciel horizontal.
La grande pirogue doublait de vitesse. Elle vint, avec un crissement sec, enfoncer dans le sable ses deux coins de bois acérés. Les proues jumelles fouillaient le sol comme des groins de cochons mâles, cependant que la mer, battant leurs flancs, les soulevait, de secousses haletantes. On sauta sur le rivage pour étayer le pahi : les porteurs d’idoles, avec de grands respects, débarquaient à travers l’embrun les images des dieux. Les autres atterrissaient en jetant des saluts, des souhaits, des rires. Seuls demeuraient au large les quatre navires d’offrandes qui réclamaient, sans toucher le sol, d’être portés jusqu’au parvis réservé.
Aussitôt, les veilleurs de la montagne avaient, à grands cris, dénoncé la marche du cortège. À leurs voix, les hauteurs dominant la rivière se couvraient de longues files de gens. Ils débouchaient par les ravins et, pour la plus grande hâte, cheminaient au milieu même des ruisseaux. Alors ils vacillaient sur les galets arrondis. La vallée, qui, longtemps avant le corail, s’épanouit largement, les vomissait en flots sur la plage. Pour la plupart, c’étaient des manants