du-jouir, et devant eux Haamanihi, le menaient avec une grande majesté.
Derrière marchaient les chefs, les promeneurs-de-nuit, les sonneurs de conque marine, les sacrificateurs et les gardiens-des-images. Bien plus haut sur la marée des épaules se balançaient les Plumes Rouges, simulacre du dieu ; — et si prestigieuses, que Hiro jadis avait couru le monde à les poursuivre, que Hina pleura durant cinq nuits leur envolée, que l’on passait une vie de vieillard à guetter, sans le tuer, le surprenant oiseau qui leur prêtait naissance ! Tous ensemble, les prêtres et les Plumes, accédèrent à l’enceinte sacrée. Le peuple se rua sur les barrières, et le rite annuel déroula ses gestes immuables.
Pomaré le jeune, sauté à bas de son porteur, s’écartait des autres chefs ; et l’on remarqua vite que ses gens, nombreux, dissimulaient sous leurs nattes épaisses des armes aux manches frottés de résine : ils semblaient plus prêts aux batailles qu’à honorer les dieux. Perdu parmi ceux-là, sans insignes, sans pouvoirs, le père de l’Arii n’était rien autre que le premier serviteur de son fils. Même, un grand homme tout branlant s’avança vers le chef, le torse dépouillé par respect. Sa barbe jaune, qu’il taillait parfois pour en tresser les touffes et les offrir aux prêtres, s’ébroussaillait sur sa poitrine. On s’étonnait de son âge avancé. Certains disaient quarante années ; d’autres cent. Nul n’affirmait rien là-dessus, ni lui-même, plus insouciant encore des saisons passées.