savait quels esclaves. Un parti d’Arioï déplorait avec gémissement l’en-allée sans retour de Tupaïa, l’Arii des prêtres ; et leurs mots désolés roulaient, comme des pleurs, de toute la hauteur des voix. Les femmes, durement secouées, exhalaient des plaintes ambiguës. Un chien hurla. Mais les haleines fléchissaient. Les poitrines s’épuisaient. Les hanches secouées retombèrent. La nuit se prit à désirer l’aube. Sur les vivants abreuvés de jouir, descendit, des montagnes endormies, un grand souffle affraîchissant.
Un silence. Un tumulte : des cris rauques, bondissant dans la vallée, emplirent toute la plage. Pesamment des gens se dressèrent pour écouter : et des Nuú-Hiviens parurent dont les hurlements sans nom faisaient ce nouveau vacarme. Ils couraient comme des crabes de terre, et les torches qu’ils agitaient semblaient folles elles-mêmes. On reconnut : c’étaient ces hommes qu’un navire d’étrangers avait munis de la boisson brûlante… Ils se heurtaient, s’injuriaient. L’un d’eux se mit à larmoyer. Les autres se moquèrent. Il se précipita, et, d’un coup de hache, fendit une mâchoire. On s’écartait. Il revint, s’acharna, écrasa une tête. Il pleurait toujours.
— Eha ! qu’était donc cette ivresse inconnue qui, loin d’apaiser les membres comme l’ivresse du