— « J’obéis à Oro-atua. Je me change en pierre. » La voix roulait, grondait, rebondissait plusieurs fois avant de s’éteindre.
Térii voulut toucher et flairer le faiseur-de-prodiges. Il entra dans l’eau gluante et se mit à nager. L’ombre s’approfondit autour de lui. Le fond de la caverne reculait à chaque brasse. L’homme au rocher restait très proche, à la fois, et très lointain. Un coup d’œil en arrière, et Térii mesura la clarté du jour qui s’éloignait : la voûte tout entière parut peser sur ses épaules, et clore, ainsi qu’une paupière insupportable, le regard du ciel. Angoissé, le nageur se retourna, hâtivement, vers le bord. La voix ricanait :
— « Eha ! l’homme qui pagaie avec ses mains, sous la grotte Mara ! l’homme qui veut serrer l’eau dans ses bras et compter les poissons sur ses doigts ! La fierté même ! Prends une pirogue ! »
Térii oublia tous les tapu, et qu’un dieu, peut-être, habitait là. Il saisit une pierre. Elle vola, parut effleurer la voûte, et puis creva l’eau tout près de la rive : elle n’avait pas couru la moitié d’un jet de flèche.
— « Hiè ! » se moquait encore la voix. « Les souffles dans la grotte sont plus forts que tes cailloux… Voici ma parole : la grotte Mara est tapu : les souffles sont lourds et mauvais : les souffles sont lourds… » Et après un silence : « Va-t’en, toi ! Va-t’en, toi ! je me change en pierre… »