« Or, Téaé, comme l’île avait faim, réunit les hommes de sa terre, les hommes maigres et desséchés ; les femmes aux mamelles taries ; et les enfants pleurant pour manger.
Téaé leur dit : — Je vais monter dans la vallée. Je dirai vers Té Fatu le maître, des parlers puissants. Allons ensemble dans la vallée.
Ils le suivirent. Les torrents avaient soif, et la grande Punaàru descendait, goutte à goutte, dans son creux de cailloux secs. Derrière eux venaient des cochons maigres, réservés pour la faim des derniers fours.
Voilà qui n’était point trop hasardeux à tenter ! Térii, s’imagina, par avance, guider allègrement lui-même quelque foule espérante. Il prolongea sa rêverie :
« Comme ils arrivaient au mont Tamanu, qui est le ventre de l’île, Téaé leur dit : creusez dans la terre un trou pour y plonger un grand arbre.
Et Téaé descendit dans ce trou. Il invoqua Té Fatu le maître avec des parlers suppliants. Il se tenait immobile, bras levés, jambes droites.