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Page:Segalen - Les Synesthésies et l’école symboliste.djvu/32

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sophique actuel : Passer du « même à l’autre », (Hégel) relier par une dialectique rationnelle les diversités du monde sensible, s’approcher ainsi du terme dernier de la connaissance qui doit être une Hétérogénéité cohérente (Spencer).

D’ailleurs, suivie jusqu’au bout, l’argumentation de M. Max Nordau ne tendrait rien moins qu’à convaincre des pires dégénérescences l’Antiquité classique elle-même. Le fait serait pénible au conservateur respectueux des traditions Hellènes. Car elles nous léguèrent, ces traditions, sous forme de technique naturelle et fatale des Belles-Lettres, cette imposante cohorte des « Figures de Style » pieusement divisées, étiquetées, par les rhéteurs et les didactiques.

L’emploi analogue des Synesthésies comme moyen d’animer, d’illuminer çà et là cette mécanique souvent poncive et froide dite « le style » nous paraît pouvoir s’en réclamer. C’est un Trope nouveau, insoupçonné des premiers grammairiens, rendu possible par le progressif affinage des données sensorielles. Nous les placerions volontiers sous l’épithète, grammaticale cette fois, de synesthésie, à l’issue des Figures de mots, aux environs de la métonymie.

Le parallèle grammatical est aisé à poursuivre. Le Trope « synesthésie-figure » peut se définir : « manière de parler plus vive, destinée soit à rendre sensible l’idée au moyen d’une image, d’une comparaison, soit à frapper davantage l’attention par sa justesse ou son originalité. » Ce qui, en matière de rhétorique, est une définition parfaitement orthodoxe.

Or, ayant conclu à la beauté et à la réalité Figurale de la synesthésie, il serait piquant de s’appro-