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Page:Segalen - Peintures, 1918.djvu/142

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temps… ce que vous voyez aussi, maintenant, dégagé du tumulte primitif : un spectacle ordonné comme une grande fête : ils trônent au sommet d’un amas de viandes en tas, ce piédestal fumant et comestible.

C’est une montagne dans une île, car à l’entour, un fleuve de vin coule et s’épanche en rond. Sur la rive concave, les trois mille hommes boivent du nez, des yeux et de la bouche le flot composite que la libéralité du Prince répand, et mesurent, au delà du fleuve, les promesses du monceau de viandes. Cela fait un immense hommage encerclant le Fils du Ciel et la compagne choisie. Cela fait trois mille désirs grossiers, populaires, rehaussant et célébrant, mieux que paroles nuptiales ou chants d’orgies, l’union proche, la consommation de l’acte impérial.

La foule boit avec avidité, et veut manger aussi avec sincérité, car ils furent affamés et assoiffés, neuf jours durant, par ordre souverain. Quelques-uns, peu empressés, sujets maladifs ou ingrats, — des satellites appostés,