Page:Segalen - Peintures, 1918.djvu/175

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« Ne sait-on point danser chez nous ? »

Pour réponse, voici qu’il danse. Et l’on s’amuse de plus belle. Et pour achever de rire, à s’en crever là, sous la table, on le presse encore :

« Vous ne regrettez rien de ce sacré sauvage Pays de Chou ? »

Il va s’excuser, remercier qu’on s’inquiète ainsi de ses goûts, — ce qui portera le comique à l’extrême, — quand le fidèle Kiao-Tch’eng, le seul qui n’ait point ri mais mâché sa langue sous l’outrage, saute et bondit devant le Maître ridicule, et répondant pour lui :

« Les tombes de Nos Ancêtres sont là-bas, au saint pays de Chou. Comment oublier leurs manières ? »

Son air est si terrible que les éclats préparés se ravalent. Les mots nobles, mieux qu’une épée, renfoncent les rires dans les gorges.