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Page:Segalen - Peintures, 1918.djvu/191

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chinoise n’établit son carré logique. Cette peinture enveloppantes et continue, c’est la tente de repos que Yang-Ti, dans son voyage aux confins, exige qu’on déploie autour de Lui, chaque soir, aux quatre pans de l’espace. Dès qu’on s’arrête, fût-ce au cœur du désert des sables, il exige que, d’un jet, peintres et soldats dressent à deux mille pas à la ronde cette soie longue de deux mille pas. Il Lui convient que l’Empereur n’émigre pas comme un nomade, et n’atteigne ou n’habite jamais un ciel cru ni une terre non cadastrée. Daignant se mouvoir dans l’inconnu, il ne permet pas au spectacle de changer. Que la ville entière, quotidienne, soit fidèle à l’audience du crépuscule, à la veillée de la nuit : ceci ressort du cérémonial.

Ceci ne fut pas compris de son temps. Yang-Ti laissa le renom d’un égoïste et d’un sédentaire, parce que, fidèle à Lui-même, il n’aimait contempler le monde qu’en se tenant au milieu.