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Page:Segalen - Peintures, 1918.djvu/197

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on le scie par le milieu du corps, en plein marché, au pied d’un mât, — rapidement, et sans souffrances inutiles, car l’Empereur n’a pas ordonné qu’il souffrît longtemps. Plus bas, la famille rassemble les tronçons et les ensevelit : car l’Empereur n’a pas dit qu’ils fussent privés de sépulture. Plus loin : les eunuques ouvrent le tombeau et jettent les os à la rivière : car l’Empereur n’a point édicté des funérailles.

Suivez maintenant ces émissaires : ils pourchassent de très jeunes enfants, les prenant ou les achetant, et les emmènent. On les nourrira de beaucoup de viandes et de graisses, afin d’en extraire pour l’Empereur de beaux foies pleins de sang et des cœurs vifs pleins d’air fort dont on fera son remède. — Mais, tout auprès, voilà les émissaires désapprouvés : L’Empereur a-t-il jamais voulu telle médecine ? Il renie et condamne ses mandataires. C’est d’eux-mêmes dont les rates et les fiels deviennent indispensables pour embaumer ses remords.