Page:Segalen - Peintures, 1918.djvu/37

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mais donnez lui toujours son mouvement : battez l’air, et à la dérobée, du coin des yeux, à chacune des haleines douces qu’il envoie, regardez, et peu à peu devinez des scènes furtives : le fond est noir et luisant. Tout d’un coup un créneau s’ouvre : des ailes battent : de gros yeux roulent : un crâne crève : il sort une pagode qui d’un seul jet fuse en plein ciel…

Vous avez vu ? Éventez encore, éventez.

Un personnage se compose : un moine nu, extatique. Il conserve, de tout son corps, deux yeux seuls, mais bien vivants. (Le reste est sec ou pourriture.) Il fait signe que, tout seul, le spectacle est bon. Éventez encore, éventez…

Voici qu’un visage écarquillé vous regarde ; si magiquement et si profondément qu’il va se coller sur votre face et deviendrait votre visage, si, vous éventant toujours, vous ne le changiez en quelque autre chose qui n’interloque pas : le trait courbe de l’horizon des