Aller au contenu

Page:Segalen - Peintures, 1918.djvu/70

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et moelleux ; c’est une bourre où les paumes, les coudes, les genoux, tout ce qui s’endolorit ailleurs, — la vue même, — enfonce et se complaît. Pour mieux le dépeindre, j’ai mis d’aplomb ce Tapis tendu comme une Peinture.

Ceci n’est point une Peinture : et pourtant plus riche en tons et plus dru dans ses teintes que bien des panneaux de soie gommée… Car vous percevez ici le hérissement, en millions de petits poils, de la surface dont chaque point est une pointe… Et surtout, ce Tapis n’offre pas de « sujet ».

Vous ne pouvez y définir aucune scène. Un Poète descripteur y serait perdu. Racontez donc cette histoire : ce sont des carrés et des angles ; des gestes géométriques ; un arpentage de champs rationnels ; aucun mouvement autre n’est permis ; toute ligne est ici discontinue : voyez ces grandes fleurs polygones dans leurs pacages réservés comme les prairies des pla-