Page:Segalen - René Leys.djvu/109

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sa figure pleine de peur… Il me regarde aussi… Je ne sais ce qu’il peut avoir à me dire : il est effrayant : les yeux caves, pleins de folie qui monte, la bouche tendue pour parler… — Drôle d’interlocuteur ! Par le front rasé de son ami le Régent, qu’il parle ! Au nom de Fô et des Chiens de Fô ! qu’il parle ! qu’il dise n’importe quoi…

Il dit :

— Personne… n’oserait. Vous savez qui habite  ?

— Non. C’est justement pourquoi mon conseil est désintéressé.

— Le Régent lui-même n’en parle qu’avec beaucoup de réticences… Vous ne savez pas de qui… il…

— S’agit ? Non. Je vous le répète.

— Vous ne… savez…

— Pas !

Je termine pour lui et n’ai que tout juste le temps de l’étendre sur sa chaise que j’ai choisie longue, heureusement. C’est la crise, la bonne crise avec larmes et gros sanglots. Bien, qu’il pleure. Ensuite, il dormira. Si j’étais poète, je me demanderais aussitôt : où est la source de ces pleurs ? et verserais à mon tour, en guise de localisations lacrymatoires, des fontaines d’alexandrins coulants et clairs.

Enfin le voici calmé, — assagi ; — trop sage et trop petit garçon :

— Excusez-moi : ce sont les mauvaises nouvelles