Page:Segalen - René Leys.djvu/17

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noise, a bien voulu me raconter chez moi, me mimer, me faire toucher cette scène : une consultation au cœur du Palais. Le consultant est à genoux, sur le sol, la tête inclinée après trois fois trois prosternations. L’Empereur, et la terrible vieille Douairière, sont assis plus haut que tous les regards. Le consultant, interrogé, n’ose plus que dire. On le force de parler. Il a très respectueusement demandé « de quelle partie du Précieux Corps souffrait injustement la Personne Ineffable… »

L’Auguste Vieille répondit pour Lui « que les humeurs s’agitaient sous sa peau… »

Le consultant a conseillé très respectueusement quelque chose. Il ne sait plus quoi (certes, pas une drogue étrangère ! — on l’eût accusé de traîtrise, d’empoisonnement, — encore moins une poudre chinoise ! — puisqu’on l’appelait pour son savoir étranger.)

Il se souvient exactement de cette impression personnelle :

— La tête ne me semblait pas très solide sur les épaules…

Il l’a gardée. Je le félicite. C’est tout.

C’est tout. Abandonner la partie ? Je m’accorde une chance dernière de pénétrer dans le « Dedans ». C’est de me servir de son langage, le dur « Mandarin du Nord » ; — de me passer désormais de tout entremetteur, de tout eunuque, et d’attendre l’occasion directe qui me permette…