Page:Segalen - René Leys.djvu/20

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30 mars 1911. — C’en est fait. Je n’ai plus un professeur de Pékinois, mais deux. C’est arrivé malgré tout, et je pense devoir m’en réjouir. Ce brave homme m’a fait une imposante impression. Je me reprends à espérer. Si je trouvais par lui mon vrai chemin vers le « Dedans » ! — Oh ! c’est par la plus petite porte, et de service, et qui touche presque aux cuisines… Elle m’est ouverte moyennant (car tout se paie ici) la modeste somme de dix taels d’argent par mois, et le temps, perdu ou gagné, d’une heure et demie quotidienne.

Ce vrai « lettré » s’est offert sous les espèces d’un petit homme sans âge, aux jambes courtes, — et la figure pleine de politesse penchée vers la terre. J’ai remarqué son étonnant parapluie, sans âge aussi, et sans bout. Il m’a présenté, — tout comme un marchand de pierres authentiques de lune et de topazes fausses à Colombo, — un lot de cartes de visite françaises, et défraîchies. Des compatriotes à moi avaient expérimenté son savoir et le déclaraient étendu ; sa méthode claire ; sa patience longue… enfin, un fidèle attachement pour les Français, depuis l’époque de sa vie où, compromis