Page:Segalen - René Leys.djvu/218

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Et voilà tout ce qui reste de ses fabuleux appointements ! Voilà les quelques sapèques sauvées… mais de quelle immense banqueroute… ?

Mon air impoliment déçu le force à s’expliquer : Voilà ce qui est arrivé, la nuit dernière : les nouvelles de la rébellion du Centre sont telles que toutes les banques chinoises de Shang-haï ont sauté.

— Vous leur aviez confié…

— Pas à elles ! Mais à leurs commanditaires de Pei-king. Songez donc ! Ils me donnaient vingt-quatre pour cent par an !

— Et Pei-king a sauté aussi ? Vous ne pouviez pas le prévoir… seulement… la veille ? Juste le temps… Qu’est-ce que vous faites à votre Police ?

— Je l’ai su avant n’importe qui.

Une grande flamme orgueilleuse, celle des meilleurs jours, passe dans ses yeux que je reconnais tout entiers :

— C’est moi qui avais reçu l’ordre de déclarer la faillite et d’arrêter d’abord les banquiers.

— Vous l’avez fait ?

— Oui. Cette nuit. Cinq de mes hommes et moi… on s’est battu,

— Et vous y avez tout perdu ?

— Et j’ai gagné un bon coup de pied dans le ventre. J’ai très mal ici.

Ses yeux s’éteignent. Les prunelles chavirent, Il va tomber. Il se redresse :

— Allons ! tout est à recommencer.