Page:Segalen - René Leys.djvu/23

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9 mai 1911. — En revanche, voici un nouveau venu que je puis sans crainte présenter à mes futures relations mandchoues. Et d’abord, il s’est présenté lui tout seul, à moi, au moyen d’un carton à double face. Du côté « chinois », j’ai pu lire avec fierté l’un des trois caractères de son nom, le plus gros de ses titres : « fonctionnaire au Ministère des Communications », — et, sans hésiter, son adresse compliquée qui d’ailleurs, à un point cardinal près, est la mienne. Nous habitons la même ruelle, le même « hou t’ong » ; lui, « porte Nord » ; la mienne, alignée au sud. Nous sommes voisins. C’est à ce hasard que je dois sa visite. De ceci je ne retiens qu’une chose : cet homme est « quelque chose » au Ministère des Communications !

Alors, je m’inquiète de le faire asseoir. Il l’est déjà ; il s’ébroue ; il se déboutonne : — Voilà, il est heureux de « dénicher » un Français qui semble s’intéresser aux Chinois… Il répète :

— Monsieur, c’est rudement rare ici !

— Pardon, les Français ?

— Non ! les gens qui s’intéressent aux Chinois. Quand je vous ai vu nous débarquer dans ce quartier