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14 Novembre 1911. — Il revient de lui-même sur cette aventure d’hier soir, et me dit, un peu gêné :

— C’est la première fois que vous me voyez m’évanouir ?

— Non. La troisième.

Tout à fait déconcerté, il se livre, et m’avoue que « d’autres choses lui font peur » parce que dans « ces moments » il ne sait pas qui il est, ni dans quel endroit, il se trouve.

Et il précise, avec des mots cherchés, un très curieux état de transposition visuelle dont je ne connaissais pas d’autre exemple : ainsi, quand il se promène en un point précis de Pei-king, mettons, dans une rue au Sud-Ouest, il a tout d’un coup la certitude de voir, devant lui, mais comme dans un miroir aux images symétriques, le point correspondant, mais en diagonale exacte ; en ce cas : la ruelle du coin Nord-Est ; mieux : il se promène à sa guise dans ce lieu géométrique, aussi longtemps qu’il garde les yeux grands ouverts ; sans ciller. Il lui faut aussi ne pas respirer. Le détail vraiment neuf est que tous ses mouvements subissent la même transposition diagonale : il tourne à droite