Page:Segalen - René Leys.djvu/59

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« Grosse Cloche » boômant ses doubles veilles, tout au nord, tout au centre de l’antique cité défunte mongole…

Son coup est sourd et noble, ayant passé sur les toits du Palais, et venant de loin.

René Leys achève :

— Enfin, il est mort.

— Oui. (Et j’y reviens malgré moi.) Enfin, comment est-il mort ?…

Un temps. René Leys va-t-il me…

— Peu importe. Il est mort sans un ami auprès de Lui…

C’est vrai. Dans ma curiosité… historique, — passionnée cependant ! — j’omettais ce seul point qui m’est rappelé : cet enfant doux et douloureux est mort, de poison ou de rêve, il importe peu, en effet. Il est mort au milieu d’eunuques et de femmes, sous les yeux terriblement maternels de l’Impériale Vieillarde veillant son dernier geste ! — et, j’oubliais ! — sans un ami auprès de Lui !

René Leys est bien venu à dire là ce qui n’avait pas été dit. Je reprends :

— C’est vrai… Mais avait-il un ami à Lui, un seul ami ?

Car il pouvait se rencontrer un Prince ou un cocher ou un fonctionnaire ou un garde, un fidèle à l’image des grands Serviteurs d’Autrefois, servant le Ciel en la Personne de son Descendant !

— Oui, dit simplement René Leys. J’étais son ami.