Page:Segalen - René Leys.djvu/66

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parfaitement ridicule… Le cavalier passe à toute allure et se perd au milieu des autres. Mais cet excellent René Leys sera bien amusé ou peut-être scandalisé, quand je lui avouerai innocemment lui avoir trouvé un « sosie » dans la Garde Impériale !

Je perds du temps à dévisager le sosie. Tout est loin. Les cavaliers s’enfuient à la débandade… Voici un nouveau défilé, moins rapide, mais combien plus classique ! Une chaise à huit porteurs, et, dedans, la silhouette large du Grand Conseiller Na-T’ong, « premier Protecteur ». Il est vraiment beau à voir, assis et puissant, — mais difficile à suivre exactement à une allure de cheval : trop lent pour le trot, il dépasse mes foulées de pas ; et d’ailleurs, aucune bombe, aucun attentat à espérer sous ce gros personnage peu offensif.

Je rentre chez moi. Je m’endors enfin… qu’il est tard ! Et je n’ai pas de fleurs ! En faut-il pour recevoir une jeune femme Mandchoue ? Car je sais depuis une heure à peine, par les soins de mon boy, que — loin de remonter à notre second Empire (je paraphrase) — madame Wang actuelle est la troisième madame Wang, c’est-à-dire ma toute contemporaine…

Enfin il est tard. On n’attend point la nuit close pour dîner en Chine… Je n’ai pas de fleurs !… Pour couper court à toute hésitation, les voici :

Spectacle inoublié. La « troisième madame Wang » s’avance sur ses hautes semelles blanches, épaisses