Page:Segalen - René Leys.djvu/69

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14 mai 1911. — J’entre au hasard, de bon matin, dans mes bâtiments du sud. Tiens ! Ah par exemple ! Il est là ; couché à peu près habillé sur son lit, et dormant. Il est très pâle. — Mais quand est-il rentré ? Je n’ai pas entendu ouvrir… ayant profondément rêvé de madame Wang.

Je sors très doucement. J’appelle le boy : il ne sait rien, mais injurie le second boy qui le renvoie au coolie, qui dénonce le portier, lequel n’était pas à sa porte. Le fait est là : René Leys, rentré pendant la nuit, dort enfin chez moi. Pourquoi ne pas se déshabiller ? Est-il si paresseux, si timide, si pressé de ressortir ? — Je recommande à mes gens (ce qui est aussitôt répété à voix perçante) qu’on ne fasse aucun bruit ce matin…

— … Comment ! Vous voilà debout, à cette heure ! Où allez-vous maintenant ?

— Faire mon cours, répond tout naturellement René Leys, lavé, cravaté, les joues mates un peu roses, qui sort de sa chambre et s’apprête à s’en aller.

Je n’ose retenir un si ponctuel Professeur. Vexé, je m’en prends à mes domestiques. Le portier, qui rentre