Page:Segalen - René Leys.djvu/84

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dons. Je les en félicite : moi je n’ai rien obtenu !

Prierais-je à la rescousse René Leys ? Non pas ! Il est déjà levé de table et s’écarte, entraînant l’ « Indiscutable Pureté ». Je vois son jeu : il l’achète, indiscutablement.

Le dîner est fini ! On a goûté, comme il convient, aux derniers potages et lapé quelques grains complémentaires de riz. On s’est passé sur le visage des serviettes plus suantes de chaleur que la face ronde du « gros bon garçon » dont le torse franchit de tous côtés la veste mince.

C’est fini. René Leys m’a poliment renseigné sur le montant de la note à payer ; — n’a rien payé… (il dit avoir un débit mensuel de cinq à six cents taels d’argent en cette maison…) et l’on part. Nos Dames élues nous invitent chez elles, à leur tour. C’est là sans doute qu’arrivera, ce qui, dans le Paradis des Romans à Gros Tirage, arrive toujours à l’heure dite.

… Il n’est rien arrivé du tout. J’aime mieux ne pas me faire attendre, et me l’avouer sans plus : l’Hôtel peu meublé, dont chacune de ces dames occupe une chambre, rendrait des points à toute École de chasteté obligatoire et laïque. — Oui, j’entends ! ma qualité d’Européen a dû faire rougir de honte ces pudeurs jaunes ! Mais personne, j’en suis sûr, n’a rougi, même pas René Leys, très à son aise, et d’un maintien parfait de réserve. D’ailleurs,