Page:Segard - Hymnes profanes, 1894.djvu/10

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.




À M. Henri Becque.


Ce cœur mort, le voilà qui renaît de ses cendres,
Et qui reprend confiance en lui-même, et repart
Vers des espoirs lointains, sans halte ni retard,
Parce que deux yeux noirs se sont faits doux et tendres.

Pourtant j’avais juré de n’aimer jamais plus !
Drapé dans mon orgueil comme dans un suaire,
Je m’étais étendu sur mon lit mortuaire
Et me laissais mourir comme un vieillard perclus.

Mais voici qu’ont éclos le soleil et les fleurs !
Les doux pommiers sont blancs comme des épousées, —
Et le bois mort lui-même a d’étranges poussées,
Voici le renouveau des viriles ardeurs !