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Page:Segard - Hymnes profanes, 1894.djvu/65

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Mais il te fit aussi maternelle maîtresse,
Il te fit caressante et te donna pouvoir
De bercer dans les plis de ton long manteau noir
Les poètes perdus qui clament leur détresse !

Ils viennent sangloter dans ton sein maternel
Comme un enfant blotti dans les bras de sa mère,
Et seule tu comprends ce qui les désespère,
Et tu glisses en eux ton repos éternel.

Tu connais les secrets qui guérissent leurs cœurs,
Ton calme s’insinue en eux et les console,
Et toujours indulgente et sans vaine parole
Tu dorlotes leur âme et tu sèches leurs pleurs.

Ô Nuit ! molle endormeuse au front ceint de pavots,
C’est toi la Vierge calme et la pure Madone,
Les pleurs de tes amants emperlent ta couronne
Et tous les malheureux demeurent tes dévots !