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Anton BRUCKNER



Plus nous nous éloignons de l’époque à laquelle ont été écrites les œuvres d’un grand musicien, plus nous sommes à même de pouvoir les juger sainement. Depuis la mort d’Anton Bruckner, la lutte a cessé, cette lutte qui jadis se poursuivait avec tant d’âpreté et d’acharnement, en Allemagne et en Autriche, et qui fut menée avec tant de parti pris, grâce au mot d’ordre parti de Vienne.

On sait avec quelle vivacité on chercha à opposer Anton Bruckner à Johannès Brahms : comme d’habitude, on voulut établir une comparaison entre deux fortes personnalités qu’on n’aurait jamais dû mettre en parallèle. Car chacun de ces grands compositeurs possédait une haute individualité qui lui était propre.

En réalité c’était une sorte d’opposition, de rivalité entre l’Allemagne du Nord et l’Allemagne du Sud qui se trouvait personnifiée dans la différence d’esthétique de ces deux maîtres. Brahms est le représentant de l’école de la « forme », de la pensée concentrée, s’exprimant sobrement et de la façon la plus concise. Sa ligne mélodique est