Page:Segur - Bible d une grand mere part 1.djvu/113

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Ésaü de plus en plus furieux, continua à demander une bénédiction : « Ne m’avez-vous donc rien réservé, mon père, à moi votre fils aîné ? »

Isaac répondit : « Que puis-je te donner, mon fils ? J’ai établi Jacob ton seigneur, je lui ai assujetti tous ceux de notre race, je lui ai donné tous mes biens ; que puis-je te donner ? quelle bénédiction te donnerai-je ? Je ne puis que te bénir dans la rosée du ciel et la graisse de la terre qui seront favorables à tes travaux ; tu serviras ton frère, mais tu secoueras son joug, tu le combattras souvent, et tu finiras par t’en délivrer. »

Marie-Thérèse. Il me semble qu’Isaac ne lui donnait pas grand’chose.

Jeanne. Et qu’il ne lui promettait pas une vie bien agréable.

Grand’mère. Non, sans doute, puisqu’il avait donné tout ce qu’il pouvait donner à celui que Dieu avait fait malgré lui son fils aîné.

Ésaü haïssait Jacob à cause de la bénédiction qu’il avait… non pas volée, puisqu’Isaac agissait volontairement, mais…

Jacques. Chipée ; on peut bien dire cela, Grand’mère.

Grand’mère, riant. Ni volée ni chipée ; Jacob n’avait agi que d’après l’ordre de sa mère et de Dieu, à qui tout appartient. Dieu donnait à Jacob ce qui lui appartenait très-légitimement.

Ésaü, qui n’avait jamais aimé Jacob, le haïssait davantage encore depuis la bénédiction d’Isaac, et il disait qu’après la mort de son père il tuerait son frère.

Rebecca, ayant appris les menaces d’Ésaü, eut peur pour Jacob ; elle le fit venir et lui dit : « Mon fils, tu sais combien Ésaü est violent, et combien il te déteste ; voilà qu’il menace de te tuer. Crois-moi, dépêche-toi de fuir ; tu iras chez mon frère, ton oncle Laban, qui demeure à Haran, et tu y resteras jusqu’à ce que la fureur d’Ésaü soit calmée. Quand sa colère sera apaisée et qu’il aura oublié ce que tu as fait pour avoir la bénédiction de ton