— Je le veux bien, dit Laban ; tu vas me servir pendant sept ans, après lesquels je te donnerai Rachel. J’aime mieux le la donner à toi qu’à un étranger. »
Louis. Je trouve que Laban n’est pas aimable de ne pas donner Rachel tout de suite à Jacob et de le faire travailler pendant sent ans.
Grand’mère. Je trouve comme toi que Laban aurait pu mieux faire, d’autant que Jacob avait déjà soixante-dix ans quand il a demandé Rachel en mariage.
Henriette, riant. Soixante-dix ans ! Ha, ha, ha ! ce vieux bonhomme ! Je n’aurais pas voulu l’épouser, si j’avais été Rachel.
Grand’mère. Les filles d’Israël n’avaient pas, comme les nôtres, le droit de choisir leurs maris ; leurs pères les mariaient sans leur demander leur avis, ou bien ils les gardaient à leur service s’ils le jugeaient plus avantageux. D’ailleurs, comme la vie des hommes était plus longue qu’elle ne l’est maintenant, il n’était pas singulier de se marier à soixante-dix ans.
Henriette. Je n’aurais pas aimé à vivre dans ce temps-là ; mais ce n’était pas de même chez d’autres peuples ?
Grand’mère. C’était partout de même ; ce n’est qu’après la venue de Notre-Seigneur Jésus-Christ en ce monde que les femmes n’ont plus été soumises par la loi de Dieu à l’esclavage de leurs pères et de leurs maris. Jusque-là, elles ont porté la peine du péché d’Ève ; c’est la sainte Vierge qui a tiré la femme de son humiliation, ayant été choisie par Dieu pour donner au monde son Sauveur et devenir la Mère de Dieu. — Au reste, maintenant encore, dans les pays non chrétiens, comme la Turquie, la Chine et d’autres pays habités par des païens et des sauvages, les femmes sont toujours esclaves ; on les donne, on les vend, comme nous vendons et donnons les moutons, les vaches, les chevaux.
Marie-Thérèse. C’est abominable ! Pourquoi ne cherche-t-on pas à rendre ces pays chrétiens ?