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Page:Segur - Bible d une grand mere part 1.djvu/159

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vaise action, qu’ils ont rendu le mal pour le bien que je leur ai fait, car ils ont volé la coupe dont je me sers pour mes repas.

Valentine. C’est très-mal ce que fait Joseph ; il sait bien que ses Frères n’ont rien volé, et il les fait arrêter comme des voleurs.

Henriette. Et puis, qu’est-ce que l’intendant doit penser de Joseph ? Il fait lui-même mettre sa coupe dans leurs sacs, et puis il dit qu’ils l’ont volée.

Grand’mère. Ce que voulait Joseph, c’était d’avoir un prétexte pour garder auprès de lui Benjamin ; il craignait toujours qu’il n’y eût chez ses frères de la jalousie contre celui que Jacob leur préférait si visiblement ; et il redoutait pour ce frère bien-aimé la cruauté de ses autres frères. Voilà pourquoi il donna à l’intendant cet ordre qui vous paraît singulier. Quant à l’intendant, il était, comme tous les Égyptiens, si habitué à respecter la sagesse et l’autorité de Joseph, qu’il ne lui vint pas dans la pensée de blâmer l’ordre qu’il recevait. D’ailleurs, comme il avait toute la confiance de son maître, il est possible que Joseph lui eût expliqué ses intentions ; ce qui le fait croire, c’est ce qu’il a dit quand la coupe fut retrouvée.

L’intendant courut donc après les frères de Joseph et, les ayant rejoints, il les arrêta et leur reprocha leur infidélité.

Les frères furent surpris et indignés de cette accusation.

« Seigneur, dit Juda, nous sommes incapables de commettre l’action honteuse dont vous nous accusez. Tenez, voici nos sacs ; fouillez-les tous ; si vous trouvez la coupe d’argent dans le sac de l’un d’entre nous, nous consentons à ce que celui-là meure et que nous restions, tous, vos esclaves.

Ils déchargèrent donc les ânes, et chacun ouvrit son sac. L’intendant les fouilla en commençant par l’aîné et finissant par Benjamin. Il trouva la coupe dans le sac de ce dernier comme cela devait être. Les dix frères restèrent consternés.

« Ne vous effrayez pas, leur dit-il. Vous êtes innocents ; je vous