tu auras soif, tu iras là où sont les vases remplis d’eau, et tu en boiras. »
Ruth, se prosternant devant Booz, lui dit : « D’où me vient ce bonheur que mon seigneur daigne me traiter si favorablement, moi qui suis une femme étrangère ?
— On m’a raconté, répondit Booz, ce que tu as fait pour ta belle-mère après la mort de ton mari ; tu as quitté mère, parents, demeure, fortune, patrie, pour la suivre et la servir dans un pays inconnu où tu es étrangère. Que le Seigneur te le rende et te donne le bonheur dans ce pays que tu es venue habiter… »
Ruth le remercia encore de la bonté qu’il lui témoignait, et Booz lui dit : « Quand l’heure du manger sera venue, viens ici, mange du pain, et de tout ce qu’on te donnera, et bois de l’eau et du vinaigre. »
Françoise. Comment, du vinaigre ? mais c’est très-mauvais !
Grand’mère. Chère petite, un peu de vinaigre versé dans l’eau est, au contraire, agréable et rafraîchissant ; et cela empêche l’eau froide de faire mal quand on a chaud.
Quand les moissonneurs se rassemblèrent pour manger, Ruth vint donc s’asseoir avec eux ; elle mangea de la bouillie, du pain, et elle garda le reste de la portion qu’on lui avait donnée.
Petit-Louis. Pourquoi la garda-t-elle ?
Grand’mère. Pour la porter à sa belle-mère, qui n’avait pas grand’chose à manger.
Booz ayant donné l’ordre à ses gens de laisser tomber beaucoup d’épis là où venait Ruth, en les suivant, elle en ramassa une si grande quantité, qu’à la fin du jour, voyant que ce paquet était trop lourd et trop gros pour qu’elle pût l’emporter, elle voulut, avant de s’en aller, battre ses épis avec une baguette ; et les ayant battus, elle eut trois boisseaux de grain. Elle les emporta chez sa belle-mère, et lui donna aussi le reste de son repas que la pauvre Noémi mangea avec grand plaisir.