quels beuglements on devait entendre ! Je n’aurais pas voulu assister à une pareille fête.
Grand’mère. Il est certain que, pour nous, cette fête eût été un affreux spectacle, et que cela ne ressemblait guère à nos Fêtes-Dieu et à nos belles premières Communions ; mais, dans ces temps-là, la vue du sang n’inspirait pas la même répugnance. Le roi Salomon fit durer la fête pendant sept jours ; tout le peuple fut nourri avec les viandes des victimes.
Armand. La viande devait être bien dure, si fraîchement tuée.
Henriette. Que tu es bête avec tes réflexions !
Armand. Écoute donc ! je pense à tous ces pauvres gens éreintés, affamés. Ils me font de la peine.
Grand’mère. Console-toi, mon enfant ; ces pauvres gens, comme tu les appelles, étaient enchantés ; ils n’étaient pas aussi délicats que nous ; ils étaient habitués à manger la viande toute fraîche ; d’ailleurs, on leur faisait aussi des distributions de pain, de galettes, de gâteaux, de miel, de fruits, de vin, et s’ils restaient, c’est qu’ils le voulaient bien.
Le huitième jour, Salomon congédia tout le monde, et chacun
retourna chez soi, très-content et prêt à recommencer.
CXLIV
RICHESSE DE SALOMON
Le roi Salomon avait mis vingt ans à bâtir le temple du Seigneur, et ses deux palais pour lui-même et pour sa femme.