Page:Segur - Bible d une grand mere part 2.djvu/111

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Grand’mère. C’était pour y faire cuire à petit feu ces pauvres frères Machabées.

Louis. Quelle abominable cruauté !

Grand’mère. Avant de le brûler, le roi ordonna qu’on coupât la langue à celui qui avait parlé, qu’on lui arrachât la peau de la tête, et qu’on lui coupât les extrémités (c’est-à-dire les doigts) des pieds et des mains, et qu’on fit assister à ce supplice ses frères et sa mère.

Ensuite, le roi le fit mettre dans une des chaudières, et on l’approcha du feu pour le faire brûler tout doucement pendant qu’il respirait encore. Pendant tout ce temps, ses frères et sa mère s’encourageaient les uns les autres à souffrir et à mourir pour le Seigneur.

Le premier étant mort, on prit le second pour lui faire souffrir les mêmes tourments ; après lui avoir coupé la langue et arraché la peau de la tête, on lui demanda s’il voulait manger de la viande de porc : « Je n’en ferai rien, » répondit-il. C’est pourquoi il souffrit les mêmes tourments que son frère. Étant près de mourir, il dit au roi : « Vous nous faites perdre la vie présente, ô très-méchant prince, mais le roi du monde nous fera ressusciter un jour pour la vie éternelle et bienheureuse. »

Henriette. Grand’mère, une chose qui m’étonne, c’est qu’il ait pu parler sans langue.

Grand’mère. Ce serait impossible, sans doute, dans ce qu’on appelle l’ordre naturel, mais Dieu lui donna la faculté de parler sans langue, comme il lui donnait la force de souffrir les atroces douleurs qu’on lui faisait endurer. Dans l’histoire des martyrs, on voit quelquefois ce miracle se reproduire.

Après ce second Machabée, on passa au troisième. Il présenta de lui-même sa langue pour être coupée, et il dit : « J’ai reçu mes membres du Ciel, je les abandonne au Seigneur pour servir sa cause ; j’espère qu’il me les rendra un jour. »

On tortura de même trois autres de ces vaillants jeunes gens ;