Page:Segur - Evangile d une grand mere.djvu/174

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Armand. Qu’est-ce que c’est, à l’extrémité ?

Henriette. Grand’mère, dites, je vous prie, à Armand de ne pas vous interrompre à chaque instant. C’est assommant !

Grand’mère. Chère petite, tu serais bien aise que je t’expliquasse quelque chose que tu ne comprendrais pas. Pourquoi ne veux-tu pas que je fasse de même pour le pauvre Armand ? C’est ennuyeux pour toi, je le comprends ; mais il faut être complaisant les uns pour les autres ; tes cousins et cousines ne se plaignent pas, et pourtant ils sont tout aussi ennuyés que toi.

Henriette. C’est vrai, Grand’mère ; j’ai tort. Pardonne-moi, mon petit Armand ; interromps tant que tu voudras, je ne me plaindrai plus.

Armand. Merci, Henriette, tu es très-bonne ; mais je voudrais savoir ce que c’est, à l’extrémité.

Grand’mère. Cela veut dire bien malade, tout près de mourir. Jaïre dit donc à Jésus que sa fille allait mourir. « Venez, ajouta-t-il, imposer votre main sur elle… »

Armand. Comment, imposer ? (Henriette soupire.)

Grand’mère. C’est-à-dire, mettez votre main sur elle, touchez-la de votre main, afin qu’elle guérisse et qu’elle vive.

Et Notre-Seigneur alla avec Jaïre, et une grande multitude le suivait et le pressait.

Or une pauvre femme qui avait un flux de sang…

Armand. Comment, un flux de sang ? (Henriette s’agite.)

Grand’mère. C’est-à-dire qu’elle perdait du sang presque sans cesse, depuis douze ans ; les médecins l’avaient beaucoup fait souffrir par leurs remèdes, lui avaient fait dépenser tout