Page:Segur - Evangile d une grand mere.djvu/201

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« Seigneur, sauvez-moi ! »

Notre-Seigneur, étendant la main, le soutint et lui dit :

« Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? »

Henri. Je comprends très-bien qu’il ait eu peur, puisqu’il enfonçait dans l’eau, et à la place de saint Pierre, j’aurais eu peur comme lui.

Grand’mère. Tu aurais eu tort comme lui. Il n’a commencé à enfoncer que lorsqu’il a eu peur, c’est-à-dire lorsqu’il a commencé à douter du pouvoir qu’avait Notre-Seigneur de le maintenir sur l’eau ; car, s’il avait eu de la foi, il n’aurait pas craint de périr. Et pourtant, il avait été témoin de tant de miracles ! Quelques heures auparavant, il avait vu cinq pains et deux poissons se multiplier, au point que cinq mille personnes s’en étaient rassasiées ; c’est pourquoi Jésus voulut punir son peu de foi, et en même temps l’augmenter, la rendre plus vive, en permettant qu’il enfonçât. Il eut heureusement la pensée d’appeler de suite Notre-Seigneur à son secours. Et c’est ce que nous devons toujours faire quand nous nous sentons entraînés vers le mal, que nous avons de la peine à résister, que nous enfonçons comme saint Pierre. Il faut appeler le Seigneur à notre secours, et il nous vient toujours en aide comme il a fait pour saint Pierre. Il lui a tendu la main, il l’a ainsi soutenu au-dessus de l’eau, il l’a fait remonter dans la barque ; et la tempête cessa tout à coup.

Ceux qui étaient dans la barque furent encore plus étonnés, car ils étaient si aveuglés, ils comprenaient si peu ce qu’était Notre-Seigneur, que le miracle de la multiplication des pains ne leur avait même pas ouvert les yeux ; ils ne comprirent pas que Dieu seul pouvait faire un pareil prodige, et que par