Page:Segur - Evangile d une grand mere.djvu/381

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près de Pierre, il jeta sur lui un regard de reproche et de compassion. Et Pierre, touché par ce divin regard, se rappela les paroles de son Maître. Il se leva, sortit aussitôt, et pleura amèrement,

Henri. Et où alla-t-il ensuite ?

Grand’mère. Une tradition, c’est-à-dire un récit qui a passé de bouche en bouche, nous dit que saint Pierre alla chercher du courage et de la consolation près de la sainte Vierge et de l’Apôtre saint Jean, lequel, durant la Passion, n’abandonna pas la Mère de Dieu ; saint Pierre avoua sa faute et la pleura aux pieds de la sainte Vierge.

Henri. La pauvre sainte Vierge a dû le repousser et lui témoigner un grand mécontentement.

Grand’mère. Au contraire, la sainte Vierge, qui est le refuge des pécheurs et la Mère de miséricorde, le reçut avec bonté, le consola, lui pardonna au nom de son divin Fils, et l’encouragea dans ses bonnes pensées de repentir du passé et de fermeté pour l’avenir. Elle savait pourtant l’affliction que son Fils avait ressentie du reniement de Pierre, disciple choisi et désigné déjà pour le remplacer sur la terre comme chef futur des Apôtres et de toute l’Église ; malgré tout, elle pardonne à Pierre et nous montre par là combien nous devons compter sur la tendresse, l’indulgence de cette Mère divine, qui nous reçoit toujours quand nous avons recours à elle, qui nous exauce toujours quand nous l’invoquons, qui prie pour nous et qui nous obtient des grâces si nécessaires pour notre salut.