Page:Segur - Evangile d une grand mere.djvu/388

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interrogea de nouveau Jésus ; mais le Sauveur ne répondit plus rien.

Jacques. Pourquoi ne répondit-il pas ? Il aurait peut-être convaincu Pilate de son innocence.

Grand’mère. Notre-Seigneur voyait le fond du cœur égoïste et lâche de Pilate ; il savait que la peur de l’Empereur et des Juifs l’empêcherait d’être juste. D’ailleurs, quand Pilate lui avait demandé : « Qu’est-ce que la vérité ? » il ne s’était même pas donné la peine d’attendre la réponse du Sauveur.

Notre-Seigneur garda donc le silence, jugeant que toute parole serait inutile.

Pilate, voyant que Jésus ne disait plus rien pour sa défense, était fort embarrassé.

Louis. Il me semble qu’il n’y avait pas de quoi être embarrassé. Il voyait que Jésus était innocent ; il devait le dire aux méchants Juifs, les chasser et protéger le pauvre Jésus contre leur méchanceté.

Grand’mère. Certainement ; c’est ce qu’il aurait fait s’il avait été un homme honnête, courageux et craignant de mal faire ; mais Pilate était lâche, il avait peur de se faire des ennemis et de perdre sa place de Gouverneur de la Judée ; il voulut donc contenter les Juifs, sans pourtant commettre une injustice trop visible à l’égard de Jésus, et il crut avoir trouvé un moyen très-habile.

Il était d’usage qu’aux fêtes de Pâques le Gouverneur romain accordât aux Juifs la grâce d’un condamné à mort. Il y avait dans les prisons de Jérusalem un brigand célèbre, nommé Bar-Abbas, condamné à mort pour ses crimes. Pilate espéra