Page:Segur - Evangile d une grand mere.djvu/62

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noncer la venue prochaine de Jésus-Christ, du Sauveur, du Messie, afin que Jésus trouvât tout le monde préparé à le reconnaître et à l’adorer. Jésus alla dans le désert tout seul et y resta dans une grotte sur une montagne pendant quarante jours sans boire ni manger.

Henriette. C’est impossible, Grand’mère ! Il serait mort de faim !

Grand’mère. Si Notre-Seigneur avait été un homme comme nous, il serait certainement mort de faim et de soif avant huit jours ; mais n’oubliez pas que Jésus était Dieu fait homme, qu’il avait la toute-puissance d’un Dieu et qu’il avait la volonté de souffrir, plus, beaucoup plus que les hommes ordinaires n’auraient pu souffrir sans mourir. Il voulut donc souffrir d’une manière extraordinaire de la faim et de la soif pendant quarante jours pour expier les péchés que commettent les hommes par leur gourmandise, leur indolence, leur sensualité.

Jeanne. Qu’est-ce que c’est, sensualité ?

Grand’mère. C’est l’amour de tout ce qui est agréable au corps : bien manger, bien boire, être couché mollement, être assis commodément, n’avoir ni trop chaud, ni trop froid, enfin être bien à l’aise sans rien qui gêne.

Henri. Mais il n’y a pas de mal à cela.

Grand’mère. En apparence, il n’y a pas de mal ; mais, par le fait, quand on vit de cette manière, on devient indolent, lâche ; on devient incapable de faire aucun sacrifice à son devoir, on ne pense plus qu’à s’amuser, à passer agréablement son temps ; on oublie le ciel, on oublie qu’on est pécheur et qu’on a des péchés à expier ; enfin, on risque beaucoup de