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nous aussi, et non par nécessité, qu’il a voulu souffrir et mourir.

Henriette. Vous dites, Grand’mère, que Jésus voulait racheter les hommes. Racheter à qui et de qui ?

Grand’mère. Racheter, c’est-à-dire arracher de la puissance du démon ; c’est Adam et Ève qui se sont laissés séduire par lui et qui se sont livrés à lui par le péché ; à partir du péché, Adam et tous les hommes qui devaient venir de lui et dont il devait être le père, se sont trouvés esclaves du démon. Seulement Jésus leur a donné, par ses souffrances et par sa mort, la possibilité d’être heureux éternellement, en suivant la loi qu’il leur donnait ; c’est comme cela qu’il nous a rachetés.

Henriette. Ah ! oui, je comprends. C’est comme si un homme me devait de l’argent, à moi qui suis un Roi, je suppose. Il refuse de payer ; je le mets en prison avec sa famille. Mais son frère, à force de travail, paye pour lui, pour que je le fasse sortir de prison. Et je lui ouvre la porte, il peut sortir s’il veut.

Grand’mère. C’est très-bien compris et expliqué ; il faut seulement ajouter qu’en ouvrant la porte, tu lui dis : « La porte restera ouverte jusqu’à la nuit ; si vous n’êtes pas sorti de votre prison quand je viendrai fermer la porte, vous n’en sortirez plus jamais et vous souffrirez toujours. »

Louis. Comment ? Je ne comprends pas.

Grand’mère. D’après la comparaison d’Henriette, la dette de l’homme, c’est le péché ; le Roi, c’est le bon Dieu ; la prison, c’est la vie de pénitence que nous sommes condamnés à mener, pleine d’ennuis, de privations, de souffrances ; le frère,