quels on pouvait reconnaître qu’elle ne serait pas bonne laitière. Le père hésita ; il avait confiance dans le coup d’œil de Lucas, mais il avait de la peine à se défaire d’une bête venue de la Trappe. Pourtant, il s’y décida la veille de la foire.
Lucas, nous irons demain à la foire, tu mèneras la génisse ; je la vends.
Vous faites bien, mon père : vous verrez que vous ne la regretterez pas.
Lucas se leva le lendemain de bonne heure ; il partit avec son père ; ils se placèrent dans le champ de foire, ils louèrent un poteau, y attachèrent la génisse, et attendirent les acheteurs.
« Une génisse qui vient de la Trappe, dit Lucas à un homme qui paraissait être un régisseur.
De la Trappe ? Ah ! leurs vaches ont de la réputation.
— Et elles la méritent bien. La mère de cette génisse est de toute beauté. »
Lucas ne mentait pas, il l’avait vue à la Trappe.
Le régisseur continua l’examen de la génisse. Lucas devina bientôt qu’il n’y connaissait rien.
Voyez, m’sieur, le beau poil, la jolie tête !
Oui, oui ; mais les cornes ne sont pas bien posées.