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Page:Segur - La Fortune de Gaspard.djvu/113

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quels on pouvait reconnaître qu’elle ne serait pas bonne laitière. Le père hésita ; il avait confiance dans le coup d’œil de Lucas, mais il avait de la peine à se défaire d’une bête venue de la Trappe. Pourtant, il s’y décida la veille de la foire.

Thomas.

Lucas, nous irons demain à la foire, tu mèneras la génisse ; je la vends.

Lucas.

Vous faites bien, mon père : vous verrez que vous ne la regretterez pas.

Lucas se leva le lendemain de bonne heure ; il partit avec son père ; ils se placèrent dans le champ de foire, ils louèrent un poteau, y attachèrent la génisse, et attendirent les acheteurs.

« Une génisse qui vient de la Trappe, dit Lucas à un homme qui paraissait être un régisseur.

Le régisseur.

De la Trappe ? Ah ! leurs vaches ont de la réputation.

— Et elles la méritent bien. La mère de cette génisse est de toute beauté. »

Lucas ne mentait pas, il l’avait vue à la Trappe.

Le régisseur continua l’examen de la génisse. Lucas devina bientôt qu’il n’y connaissait rien.

Lucas.

Voyez, m’sieur, le beau poil, la jolie tête !

Le régisseur.

Oui, oui ; mais les cornes ne sont pas bien posées.