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Page:Segur - La Fortune de Gaspard.djvu/174

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Gaspard.

Monsieur sait qu’ils sont amis d’enfance, que c’est M. Soivrier qui a fait entrer M. Chrétien ; alors ils marchent ensemble.

M. Féréor causa encore quelque temps avec Gaspard ; il fut de plus en plus satisfait de son intelligence et de ses études, crut en son dévouement et en sa sincérité, et le quitta après lui avoir donné l’assurance qu’aussitôt qu’il aurait travaillé à tous les ateliers l’un après l’autre et qu’il serait arrivé à bien faire dans chacun des ateliers, il monterait en grade et aurait un poste de confiance. M. Féréor songea à faire partir Soivrier ; pourtant, la difficulté de le remplacer pour toutes les affaires qu’il menait avec une activité et une intelligence rares, le décida à le conserver, mais avec une surveillance rigoureuse, qu’il confia à Gaspard, en lui recommandant la plus grande prudence vis-à-vis de Soivrier, qui resta ainsi à son poste.

Les choses allèrent leur train pendant deux ans environ. Gaspard mettait à profit ses conversations du jeudi et du lundi pour arrêter les faveurs naissantes, comme il l’avait fait pour Urbain, et surtout pour gagner de plus en plus la confiance, presque l’amitié de son maître. Il était espionné à son tour par deux contre-maîtres, et il ne le savait pas. Ces espions n’eurent jamais que du bien à en dire. Jamais un manquement de service, jamais de relâchement dans son zèle, dans son activité ; jamais une parole imprudente, jamais le