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Page:Segur - La Fortune de Gaspard.djvu/190

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« J’ai peur ! J’ai peur de votre opinion, monsieur ! »
Gaspard.

Je n’aurais rien, monsieur, si je ne vous savais si bienveillant, si bon pour moi et de si bon conseil. Il s’agit d’une somme de deux cent mille francs à recouvrer, et voici comment, monsieur.

M. Féréor dressa les oreilles.

« Deux cent mille francs ! C’est une somme, cela. Parle vite, je t’écoute. »

Gaspard lui lut la lettre du notaire. Quand il l’eut finie :

« Voici la difficulté, monsieur. Il faudrait que mon père y allât, et il ne veut pas y aller, monsieur ; ça le dérange trop, et puis il n’entend rien aux affaires ; on le mettrait dedans.

M. Féréor.

Et quelle est ton idée ? Tu dois y avoir réfléchi depuis hier. »

M. Féréor le regardait de son coup d’œil perçant ; Gaspard se sentit troublé ; il pouvait se perdre comme il pouvait monter dans l’estime de son maître.

M. Féréor.

Tu as peur, Gaspard ?… J’aime assez cela… C’est un signe que tu entends les affaires.

M. Féréor appuya sur ce mot.

Gaspard.

Monsieur devine juste. J’ai peur ! J’ai peur de votre opinion, monsieur, plus que de celle du monde entier.

M. Féréor.

Voyons, mon ami, rassure-toi ; parle sans