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Page:Segur - La Fortune de Gaspard.djvu/290

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Thomas.

Elle ne tardera pas à revenir ; elle est allée apprêter un poulet, dénicher des œufs, chercher du beurre, des légumes, des fruits, enfin ce qu’il faut pour bien traiter Gaspard. Tu es habitué à une bonne cuisine : la nôtre va te paraître bien misérable. Pas comme ton banquet d’hier !

Gaspard.

Mon père, je ne tiens guère à la cuisine, et je dînerai chez vous beaucoup mieux et plus abondamment que je ne dîne chez moi, où je suis sans cesse dérangé, pressé de travail.

Lucas engagea son frère à venir faire avec lui un tour dans les champs ; Gaspard admira les progrès et les améliorations de la culture de son frère.

« Y a-t-il longtemps, dit-il, que je ne me suis promené avec toi et que je n’ai revu ces champs que mon père me forçait à cultiver !

Lucas.

Tu mènes une vie qui n’est pas bien agréable, ce me semble ?

Gaspard.

Tout est agréable quand tout mène au but qu’on veut atteindre ; j’ai, il est vrai, passé bien des nuits sans me coucher, bien des jours sans avoir le temps de manger ; j’ai supporté des fatigues, des ennuis, des tracasseries sans cesse renouvelées, parce que j’avais le désir extrême d’arriver. J’ai dépassé mon but, grâce à l’amitié de M. Féréor.