Page:Segur - La Fortune de Gaspard.djvu/36

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que tu n’avances pas plus qu’un lièvre blessé. Tiens, vois ton frère ; le voilà là-bas, là-bas prêt à se mettre à l’ouvrage.

Gaspard.

C’est que… j’ai des devoirs à faire.

Le père.

Quels devoirs ? Pour qui ?

Gaspard.

Pour le maître d’école.

Le père.

Je me moque de ton maître d’école et de ses devoirs quand mes trèfles sont dehors et bons à rentrer. Ton devoir est d’aider au travail de la ferme ; je n’en connais pas d’autre pour le moment. Allons, marche, et lestement. Dépêchons-nous. »

Le père poussa rudement Gaspard qui était de très mauvaise humeur, mais qui fut obligé de hâter le pas comme son père. Quand ils furent arrivés au champ de trèfle, Lucas y travaillait avec ardeur ; il avait déjà retourné une demi-rangée de trèfle.

« Tiens, Gaspard, voilà la fourche au pied de l’arbre, » cria-t-il à son frère qui paraissait chercher quelque chose.

Le père était à l’ouvrage avec tout son monde, avant que Gaspard eût ramassé sa fourche.

« Prends garde, lui dit Lucas à demi-voix, mon père te regarde ; il n’a pas l’air trop content.

Gaspard, d’un air bourru.

Laisse-moi tranquille ; s’il n’est pas content, je