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Page:Segur - La Fortune de Gaspard.djvu/409

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rempli d’amour pour toi, le sera bientôt, j’espère, de l’amour du Dieu bon qui m’a donné ma Mina chérie ; tu continueras ton œuvre, et tu feras de moi un vrai et bon chrétien. L’indifférent, l’égoïste, l’ambitieux Gaspard fera place au chrétien repentant… Adieu, ma bien-aimée ; jamais je ne pourrai te dire combien je t’aime, et combien j’éprouve de reconnaissance pour le bon Dieu et pour toi. Ce que c’est que d’épouser, par dévouement pour son bienfaiteur, une grosse rousse, bête et maussade ! Dans six jours je serai près de toi ; avec quel bonheur je serrerai contre mon cœur la chère petite enchanteresse qui y règne sans partage ! etc. »

Mina fut enchantée de cette lettre, qu’elle baisa mille fois et qu’elle voulut porter sur son cœur. Les huit jours de séparation finirent enfin. Mina dut retourner en ville.

On la vit partir avec un vif chagrin. La mère Thomas la regretta et pleura même, tant elle avait gagné son affection par ses qualités attachantes. Le curé lui demanda instamment de revenir souvent. Elle le promit et retourna à la ville peu d’instants avant M. Féréor et Gaspard ; elle les attendait à la fenêtre. Quand elle les vit entrer dans la cour de l’hôtel, elle sauta plutôt qu’elle ne descendit l’escalier et se trouva dans les bras de Gaspard avant d’avoir franchi le perron. M. Féréor, plus lent dans ses mouvements, ne la rejoignit que lorsqu’elle eut été embrassée dix